Pour la décennie qui s’ouvre, l’Australie risque fort de s’imposer comme l’épicentre du monde sportif

Pour la décennie qui s’ouvre, l’Australie risque fort de s’imposer comme l’épicentre du monde sportif

Le sport au Maroc, une filière à fort potentiel, qui évolue et participe au développement socio-économique du pays. Le Maroc est le 1er pays en Afrique en terme d’investissement dans le sport. Le 23 juillet dernier dans les rues de Brisbane, la foule s’était rassemblée pour profiter des multiples terrains sportifs éphémères (tennis, handball, escrime, etc.) dressés spécialement pour le lancement du compte à rebours des dix ans, jour pour jour, avant la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Brisbane 2032.

UNE DÉCENNIE EXCEPTIONNELLE DE SPORT

Dix ans. Dans ce laps de temps, l’Australie aura eu l’opportunité d’accueillir pas moins de trente événements sportifs internationaux de premier plan, allant de la Coupe du Monde de Cricket (octobre 2022), à la Coupe du Monde de Rugby Masculin (à Sydney en 2027) et Féminin (à Sydney en 2029), en passant par la Coupe du Monde de Football féminin (été 2023) et les Jeux du Commonwealth (dans l’état du Victoria en mars 2026).Une décennie exceptionnelle de sport impulsée notamment par la feuille de route Sport 2030 du gouvernement, établie en 2018, qui visait à faire de l’Australie « the world’s most active and healthy sporting nation, known for its integrity and sporting success ». C’est d’ailleurs dans son pilier « Renforcer l’industrie du sport australienne » qu’intervenaient les candidatures aux événements internationaux, signal fort de l’importance de ces derniers pour l’économie du secteur.

LE SPORT, INSTITUTION CULTURELLE ET ÉCONOMIQUE EN AUSTRALIE



Car le sport en Australie est une institution autant culturelle qu’économique dans le pays : sur une population totale de 26,5 millions d’habitants, 14 millions d’australiens feraient ainsi du sport chaque année – dont 8 millions dans les infrastructures locales de la « communauté ». En termes financiers, le secteur générerait près de 3% du PIB national, avec un chiffre d’affaires de 83 milliards de dollars australiens (soit 63 milliards USD) : « Pour un dollar investi dans le sport, l’Australie génère un retour sur investissement de sept dollars australiens », signalait ainsi John Wylie, le président de Sport Australia, l’agence de développement de la pratique sportive dans le pays.
Mais par-dessus tout, le sport est, en Australie, un instrument de rayonnement, d’appartenance et de fierté, incarné par les couleurs « green and gold » (« vert et or »), portées par les sélections nationales lors des compétitions sportives. Le pays s’enorgueillit d’ailleurs d’être l’une des deux seules nations au monde à avoir envoyé des représentants à chaque olympiade de l’ère moderne.
Pas d’étonnement, donc, à voir le pays communier aujourd’hui autour de cette « green and gold decade » qui s’ouvre, vingt-deux ans après les mythiques Jeux Olympiques de Sydney qui avaient célébré l’identité australienne à travers le choix de Cathy Freeman comme dernier porteur de flamme. Un héritage qui, couplé à l’organisation récurrente d’événements comme l’Open d’Australie de tennis et le Grand Prix d’Australie, a ancré l’image d’un pays habitué à organiser des évènements de dimension internationale. « Après deux années de fermeture du pays pour cause de crise sanitaire, la population a hâte d’accueillir à nouveau le public et de faire valoir son rayonnement international par ce type de manifestations », confirme Valérie Elamri, référente Sport au bureau de Business France de Sydney.

DES INFRASTRUCTURES DURABLES

Depuis l’été 2021 et l’annonce de la désignation de Brisbane comme ville-hôte des jeux olympiques et paralympiques 2032, les équipes de Business France s’activent en effet auprès des interlocuteurs australiens pour identifier les opportunités qui pourraient émerger pour l’offre française. « Pour la préparation de Brisbane 2032, l’Etat du Queensland prévoit d’allouer près de 190 millions de dollars en vue de financer les projets d’infrastructures et d’améliorer la préparation et les performances des sportifs », signale Valérie Elamri.

Un mot d’ordre cependant : réutiliser et améliorer au maximum l’existant, pour éviter le phénomène observé à Sydney où le quartier de l’Olympic Park n’avait jamais vraiment réussi à se reconvertir après les jeux de 2000. « Toutes les initiatives qui permettront de promouvoir la durabilité environnementale et sociétale seront forcément regardées de plus près ».

LA SPORTECH AU CŒUR DES OPPORTUNITÉS

Autre tendance clé au cœur de la décennie pour les donneurs d’ordre australiens (qu’il s’agisse des fédérations sportives, des agences gouvernementales ou des États fédérés) : l’usage des technologies dans le sport ou « sportech ». « Dans une population à la fois sportive et connectée, il y a une forte attente autour des notions d’interaction avec le public (fan engagement), de mesure de la performance ou encore d’esport », signale Valérie Elamri. 17% des australiens seraient ainsi connectés à une application de suivi lors de leur effort physique et le poids de l’industrie sportech dans le pays serait évalué à 3,1 milliards de dollars, selon l’Australian Sports Technologies Network (ASTN). « L’Australie est désormais considérée comme l’une des cinq meilleures nations au monde dans le domaine de la technologie sportive » évoquait ainsi son président, James Demetriou. De quoi inciter la filière française à s’intéresser de plus près aux besoins locaux et aux innovations attendues car « même si le marché se développe en local (avec 600 entreprises recensées), les australiens sont toujours curieux de découvrir des propositions innovantes ; et le tissu français, par son expérience sur les terrains internationaux et la diversité de ses startup sportech, peut prétendre à jouer les premiers rôles », confie Valérie Elamri qui cite, parmi les acteurs incontournables de la filière en France, les incubateurs et accélérateurs Level 256 et Le Tremplin, portés par Paris&Co.

L’ENJEU DU SPORT POUR TOUS

Dernier pilier de développement pour les agences gouvernementales : l’encouragement au sport pour tous, à travers des campagnes plus engagées en faveur de l’inclusion et de la santé par le sport. Malgré sa pratique régulière du sport, l’Australie serait en effet touchée par le fléau de l’obésité et du surpoids (deux tiers des adultes et un quart des enfants seraient ainsi concernés) et la sédentarité est, comme partout, observée dans chaque classe d’âge. Le développement d’une pratique plus régulière pour les personnes de plus de 65 ans et pour les enfants serait ainsi une priorité du gouvernement, avec des dotations plus importantes accordées aux fédérations locales et un recensement prévu des infrastructures maillant le territoire.

UNE CUROSITE POUR LE MADE IN FRANCE

« Sur tous ces sujets, nous souhaitons alerter la filière française du sport, signale Valérie Elamri, car il y a de belles perspectives dans la décennie qui s’ouvre et une vraie différenciation tricolore à faire valoir ». Si l’Australie présente historiquement un prisme américain et britannique dans le choix de ses fournisseurs, et si l’Allemagne et Israël disposent déjà de belles références sur ce marché, la France bénéficie d’une image de marque et d’un savoir­faire sur une multiplicité de marchés (médias sportifs, évènementiel sportif, sportech, infrastructures, formation, etc) qui lui permettent de s’imposer en concurrent crédible. Un partenariat signé récemment entre l’INSEP tricolore et son homologue australien, l’Australian Institute of Sport (AIS), témoigne d’ailleurs des échanges institutionnels déjà fructueux entre les deux pays.

« L’Australie n’est pas toujours dans le viseur prioritaire des entreprises en raison de la distance géographique : nous souhaitons montrer qu’il est non seulement possible mais souhaitable d’y développer des relais de croissance car, pour la décennie qui s’ouvre, l’Australie risque fort de s’imposer comme l’épicentre du monde sportif », conclut Valérie Elamri.

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